La boîte

Un jour de la fin mars, Jie s’arrêta net : elle avait reconnu son frère parmi les jeunes étudiants assis sur le banc des accusés. Hypnotisée par son crâne rasé, son costume sombre de prisonnier, elle l’entendit dire distinctement : « Je suis coupable… » Puis : « Huit ans ! » Le marteau du juge retomba.

Cela s’était passé la nuit, peu après le mouvement étudiant du printemps 1989. Jie était au lit avec son petit copain Marcus ; ils faisaient l’amour. Une dizaine de policiers armés avaient défoncé la porte de sa chambre. L’un d’eux lui avait lancé : « Alors, explique-nous ce que ça a de si spécial de coucher avec un étranger… » Jie s’était redressée, elle avait enfilé un tee-shirt pour leur dissimuler la vue de sa poitrine nue et, d’une voix posée, avait répondu : « Ça ne me pose aucun problème de vous donner un petit cours d’anatomie mais, franchement, je ne crois pas que vous ayez choisi le bon moment. » L’instant d’après, les hommes en uniforme avaient disparu ; ils s’étaient retirés aussi rapidement qu’ils avaient surgi. Tétanisé jusque-là, Marcus s’était effondré, avait roulé à terre, le corps ruisselant de peur.   L’enfermement À son réveil, Jie découvrit quatre murs de même longueur et de même largeur, au centimètre près ; elle se trouvait dans un cube d’une blancheur spectrale. Son premier réflexe fut de chercher...

ARTICLE ISSU DU N°55

SUR LE MÊME THÈME

Extraits - Nouvelle Darling
Extraits - Nouvelle Le Chiot
Extraits - Nouvelle Le nombril, porte de l’âme

Aussi dans
ce numéro de Books