L’ingénieux des Beatles
Publié le 5 juillet 2019. Par La rédaction de Books.
Dans Yesterday, Danny Boyle met en scène un jeune musicien qui, à la suite d’événements mystérieux, devient la seule personne sur Terre à se souvenir des Beatles. Effacer les quatre de Liverpool de l’histoire de la musique est osé, d’autant qu’ils l’ont sur bien des points révolutionnée. Et ce, grâce à toute une équipe de producteurs, managers et techniciens. L’un deux était Geoff Emerick, l’ingénieur du son qui les a accompagné pendant toute leur carrière. Décédé en 2018, il avait raconté son travail avec le groupe dans un livre En studio avec les Beatles.
Entré chez l’éditeur musical EMI comme assistant ingénieur du son à l’âge de 15 ans en 1962, Emerick est très vite amené à travailler avec les Beatles. Quatre ans plus tard, il devient leur ingénieur du son en titre. C’est justement à cette époque que le groupe décide de prendre un virage expérimental. Pour son baptême du feu sur l’album Revolver, John Lennon lui demande de faire sonner sa voix comme s’il était le Dalaï-Lama en haut d’une montagne. Emerick entreprend alors de le faire chanter dans un micro relié à un haut-parleur rotatif prélevé sur un orgue Hammond. Au cours des années suivantes, il devra toujours se montrer ingénieux pour déformer la voix de Lennon que ce dernier détestait.
Il fait aussi en sorte de donner une vraie place à tous les instruments, quitte à se faire rappeler à l’ordre par ses supérieurs pour « usage non-conforme du matériel ». Il rapproche les micros de la batterie de Ringo Starr, inverse la circulation électrique dans l’ampli de basse de Paul McCartney le transformant ainsi en micro-géant, s’arrange pour assembler plusieurs enregistrements réalisés sur des tons et des vitesses différentes pour obtenir la bande finale de Strawberry Fields Forever…
Mais travailler avec les Beatles n’est pas de tout repos et il jette l’éponge en 1968 après une reprise de trop d’Ob-la-di Ob-la-da. Il reviendra travailler avec eux pour leur ultime album, Abbey Road, et collaborera ensuite avec Paul McCartney sur ses projets solo. Il a reçu quatre Grammy Awards, dont celui du « meilleur ingénieur du son » pour Sgt. Pepper’s et Abbey Road.
À lire aussi dans Books : Le Duke, les Beatles et l’essence du génie, mai 2014.