Publié dans le magazine Books n° 57, septembre 2014. Par Sudhir Hazareesingh.
Narcisse et Machiavel réunis, François Mitterrand était un homme politique extrêmement brillant mais parfaitement vénéneux. Sans la moindre assise morale, il a favorisé l’ascension du Front national et laissé au Parti socialiste un héritage toxique dont il ne s’est pas remis.
François Mitterrand fut l’un des personnages les plus emblématiques – et énigmatiques – de la vie politique française dans la seconde moitié du XXe siècle. Sa carrière commença juste après la Seconde Guerre mondiale, lorsqu’il devint le plus jeune ministre en fonction depuis la Révolution de 1789 ; sous la ive République, il participa à onze cabinets différents, et fut ensuite l’un des principaux chefs de l’opposition de gauche sous la Ve République gaulliste. Après deux tentatives infructueuses en 1965 et en 1974, il fut élu à la présidence de la République en 1981. Lorsqu’il se retira en 1995, il était devenu le symbole vivant de la continuité institutionnelle et de la longévité politique : son mandat avait été le plus long depuis le règne de Napoléon III et de Louis-Philippe.
La comparaison avec l’âge d’or du bonapartisme et de l’orléanisme au XIXe siècle est judicieuse par bien des aspects : par la substance comme par le style, cette première présidence socialiste marqua l’apogée de la monarchie républicaine en France, ironie d’autant plus savoureuse que dans
Le Coup...