« Faute de courage et d’imagination […], Hollywood a mis du temps à comprendre la véritable signification du nazisme », constate dans son dernier livre l’historien du cinéma Thomas Doherty. Comme le rapporte Dave Kehr dans le
New York Times, jusqu’à la veille du conflit, les grands studios « ont pris grand soin de ne pas faire figurer dans leurs films la moindre allusion aux développements politiques inquiétants qui avaient lieu en Allemagne ». Et pour cause : le pays représentait alors le principal débouché des productions américaines en Europe, et nul n’avait intérêt à se mettre à dos le ministre de la Propagande, Joseph Goebbels, dont les représentants devaient approuver toute œuvre destinée à la diffusion en Allemagne.
Chose plus surprenante, la censure allemande trouva, aux États-Unis même, un relais fort efficace en la personne de Joseph I. Breen, qui avait pris en 1934 la tête de l’organisme chargé de faire appliquer le fameux « code Hays » – un ensemble de règles de bonne conduite établies par l’industrie elle-même. Arguant d’un passage selon lequel il convenait de « représenter équitablement l’histoire, les institutions, les grands hommes et les...