Publié dans le magazine Books n° 12, mars-avril 2010. Par Steven Schwartz.
Pourquoi tant d’inégalités entre les écoles ? Le milieu social est-il déterminant ? Faut-il beaucoup mieux payer les enseignants ? Les recruter parmi les plus brillants éléments de l’université ? Accorder à tous les parents le choix de l’école ? Décentraliser ? Évaluer publiquement les établissements ? Organiser un retour à la pédagogie « scolaire », au vieux sens du terme ? Tout cela à la fois ? Ces questions, on se les pose aux antipodes…
Un matin de janvier 1800, un être mystérieux surgit des bois, dans l’Aveyron. De la taille d’un garçon de 12 ans, une chemise déchirée pour tout vêtement, cette étrange créature semblait indifférente au froid hivernal et inconsciente de sa nudité. Elle grognait mais ne parlait pas et mangeait voracement, tirant les pommes de terre du feu à mains nues. Pour des raisons évidentes, on l’appela l’« enfant sauvage de l’Aveyron ».
En pleine époque des Lumières, sa découverte nourrit une polémique considérable parmi les philosophes et les éducateurs. Était-ce un exemple du « bon sauvage » de Rousseau, non corrompu par les contraintes sociales qui avaient étouffé l’Europe des siècles durant ? Le garçon allait-il apprendre à parler et se prendre en charge à mesure que ses talents innés se révéleraient, comme l’Émile de Rousseau ? Ou, pour suivre John Locke, était-il une page blanche attendant d’être écrite par un enseignement de qualité et une pédagogie intelligente ?
La flamme de l’enseignement inspiré brille toujours à Hollywood
Jean Marc Gaspard Itard, un médecin parisien, entreprit de répondre à ces questions. Il adopta l’...