Grandir à l’ombre de Saul Bellow
Publié dans le magazine Books n° 49, décembre 2013.
Le fils négligé du prix Nobel de littérature livre un portrait à la fois touchant et pathétique de ce père qu’il peint en Janus, jeune Saul au grand cœur contre vieux Saul à l’âme noire.
Il y a manifestement un problème avec les Mémoires de Greg Bellow, fils aîné de Saul, l’un des monstres sacrés de la littérature du XXe siècle, prix Nobel, et auteur de chefs-d’œuvre comme Herzog et Au jour le jour. Ce n’est pas tant la pauvreté du style, aussi réelle soit-elle – personne n’attendait de l’auteur, psychothérapeute (« Saul m’a toujours dit que j’avais fait carrière des souffrances de mon enfance »), qu’il rivalise de talent avec son géniteur. Ce n’est pas non plus que le livre manque d’intérêt : s’ils ne bouleversent pas la vision globale que l’on pouvait se faire de l’écrivain, ces mémoires révèlent des aspects surprenants ou négligés de sa personnalité. Seul un très proche pouvait ainsi nous apprendre que Saul...