Les « gilets jaunes » sont-ils « le peuple » ?

L’essai de Christophe Guilluy sur le crépuscule des élites vient d’être traduit en anglais. Un livre prémonitoire, où le géographe anticipait le mouvement des «gilets jaunes», notent les médias anglo-américains.


© Edouard Richard / Hans Lucas / AFP

Paris, 2019. Fresque du street artiste Pascal Boyart. Dans ce pays de 67 millions d’habitants, 282 000 ont manifesté le 17 novembre 2018, puis le chiffre a baissé progressivement pour descendre en dessous des 40 000.

Il n’y a pas qu’en France que les « gilets jaunes » déconcertent. « Même dans un pays où les manifestations sont un rituel de la vie publique, la violence et les invectives du mouvement a laissé le gouvernement abasourdi », constate dans The New York Review of Books le correspondant à Paris du Washington Post, James McAuley. Mais, plus qu’un mouvement de protestation, c’est une jacquerie moderne, ajoute-t-il en employant le mot français. Une jacquerie dirigée contre l’élite. Cependant, si « l’histoire de France depuis 1789 peut être lue comme une série de mouvements anti-élite, les “gilets jaunes” n’ont pas de véritable précédent ». Contrairement à la Commune ou même au poujadisme, par exemple, c’est un mouvement « foncièrement apolitique, et qui le revendique. Ni programme ni hiérarchie ni communication organisée ». En ce sens, il se distingue aussi du Mouvement 5 étoiles en Italie. Comment l’expliquer ? Même si les plus riches se sont encore nettement enrichis récemment, la France n’est pas un pays pauvre ni inégalitaire, si on la compare aux États-Unis ou au Royaume-Uni. Ici, l’État-providence...
LE LIVRE
LE LIVRE

Le Crépuscule de la France d’en haut de Christophe Guilluy, Flammarion, « Champs », 2017

ARTICLE ISSU DU N°98

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