Publié dans le magazine Books n° 57, septembre 2014. Par Arno Kopecky.
Près de 30 % des Américains continuent de croire à l’existence de Bigfoot, le yéti des Rocheuses. Aux abords du Loch Ness, les cars défilent, remplis de touristes qui espèrent voir un orteil du célèbre monstre. Qu’est-ce qui pousse des dizaines de millions de personnes à se laisser fasciner par ce genre d’imposture ?
« Mon Dieu, mais que faudrait-il leur montrer pour qu’ils prennent la chose au sérieux ? » se lamenta le traqueur de Bigfoot (1) René Dahinden, quand la plus célèbre vidéo du monstre fut dénoncée comme un canular par les experts du Museum d’histoire naturelle de New York, de la Smithsonian Institution et d’autres organisations reconnues.
Tournée en 1967 dans le nord de la Californie par deux cowboys, Roger Patterson et Bob Gimlin, cette vidéo s’est enracinée dans la psyché nord-américaine. Sur ce film à l’image vacillante, tourné en 16 mm, on voit quelque chose s’éloigner à pas lourds à travers une clairière, qui pourrait être Bigfoot lui-même, ou bien un homme vêtu d’un costume de gorille. Au moment où elle passe derrière un tas de bois qui lui arrive à la cuisse, la créature se retourne et adresse un regard au cinéaste – et, au-delà, à la postérité du mythe – avant de disparaître.
Comme le constatent les auteurs d’« Abominable science », la question de l’authenticité de la vidéo de Patterson et Gimlin ne pourra jamais être élucidée à 100 %, sans qu’au moins l’un...