Publié dans le magazine Books n° 47, octobre 2013. Par Sara Lodge.
Devenu membre d’un des clubs les plus fermés au monde, l’OuLiPo, un jeune Américain initie ses compatriotes à l’une des formes les plus sophistiquées de l’esprit littéraire.
Vous connaissez l’histoire de la strip-teaseuse oulipienne ? Elle a apporté un lipogramme avant de disparaître, avec un clin d’œil invisible (1).
Si cette blague ne signifie rien pour vous, c’est que – comme moi et comme 99,9 % des autres habitants de la planète – vous n’êtes pas membre de ce club très fermé de jongleurs, acrobates et funambules des mots qui s’est baptisé OuLiPo, Ouvroir de littérature potentielle. En France, l’OuLiPo jouit d’un statut prestigieux et fait l’objet d’un culte, en partie parce que le club est très fermé (toute demande d’adhésion vous en exclut automatiquement) et parce qu’on a jadis compté parmi ses trente-huit membres Marcel Duchamp, Italo Calvino et Georges Perec – ces phares de l’avant-garde du postmodernisme en art, en philosophie et en fiction.
Un jeune diplômé de Yale du nom de Daniel Levin Becker a eu la chance de devenir membre de ce mystérieux cénacle. Il n’est que le second Américain à qui cela arrive. Dans
Many Subtle Channels, ses observations sur le terrain lui permettent de décrire les facéties culturelles d’un groupe qui...