Dictateurs, mode d’emploi
Publié dans le magazine Books n° 123, janvier-février. Par Jean-Louis de Montesquiou.
Qu’ont en commun Mussolini, Hitler, Mao, Kim Il-sung, Ceaușescu, Duvalier et Mengistu ? Bien plus de choses qu’on ne le croit : de leurs origines, souvent très modestes, et de leur apparente insignifiance jusqu’à leurs techniques de contrôle, aussi efficaces qu’inventives.
Pourquoi Staline n’a-t-il été retrouvé que de longues heures après sa mort, baignant dans une flaque d’urine au pied de son lit ? Parce que, dans la réclusion de la datcha où il vivait coupé de tout et de tous, il inspirait encore une telle crainte que personne n’osait pénétrer dans sa chambre. Ce genre de fin de parcours, beaucoup de dictateurs modernes le connaissent peu ou prou, comme le montre Frank Dikötter en retraçant la trajectoire de sept d’entre eux : Mussolini, Hitler, Mao, Kim Il-sung, Ceaușescu, Duvalier et Mengistu Hailé Mariam. Pourquoi ces sept-là, au sein d’une liste hélas très fournie et qui s’allonge implacablement ? Sans doute parce qu’ils sont incontournables et surtout incontestables. La qualification de « dictateur » est en effet toujours un peu subjective, même si l’on peut dire de la dictature ce qu’un juge américain disait de la pornographie : « Quand on la voit, on la reconnaît tout de suite. »
À vrai dire, ce n’est pas...