En Allemagne, Chateaubriand n’est guère plus qu’un nom. Et encore : un nom qui prête à confusion. « Pour beaucoup, il évoque plutôt une grosse pièce de bœuf que ce François-René de Chateaubriand qui, en France, est aussi célèbre que Goethe chez nous », s’amuse le romancier Karl-Heinz Ott dans
Die Zeit. Son œuvre n’est que très partiellement traduite et même ses
Mémoires d’outre-tombe ne sont disponibles qu’en version abrégée. Est-ce sur le point de changer ? Même pas. Ses fameux souvenirs viennent bien d’être réédités outre-Rhin, mais dans une traduction qui remonte à un demi-siècle et ne reprend que la moitié tout au plus du texte original.
Faut-il s’en indigner ? Ott ne le pense pas. Il est vrai que l’écrivain fut le modèle du jeune Victor Hugo (qui, comme on sait, voulait être « Chateaubriand ou rien »), que Gustave Flaubert lui voua une grande admiration, que Marcel Proust n’aurait sans doute pas écrit sa
Recherche sans le grand précédent des
Mémoires. « Même Roland...