Dépénaliser les drogues ?
Publié dans le magazine Books n° 30, mars 2012. Par Olivier Postel-Vinay.
L’ONU recommande de « faire la distinction entre les criminels (les trafiquants) et leurs victimes (les consommateurs) ». Ce qu’a fait le Portugal.
Dans notre dossier de septembre 2010, nous posions la question : « Faut-il légaliser les drogues dures ? » Ce point de vue est partagé par divers économistes, comme le prix Nobel Gary Becker, par des intellectuels latino-américains lassés de voir leurs pays rançonnés par les cartels, mais aussi par des acteurs du terrain, comme Norm Stamper, l’ancien chef de la police de Seattle. Au sens fort, le mot « légaliser » signifie autoriser et réglementer la production des drogues, au même titre que l’alcool, drogue potentiellement dure, et le tabac, drogue non dure mais aussi meurtrière (ensemble, ces deux substances tuent plus que toutes les drogues « dures » réunies).
Pour évoquer une option plus réaliste, nous donnions l’exemple du Portugal, qui a dépénalisé l’usage des drogues (mais non la production et le trafic). Cette expérience a maintenant plus de dix ans. Enquêtant récemment sur le terrain, un journaliste du New Yorker...