De l’avantage d’être un État fantôme
Publié dans le magazine Books n° 112, novembre 2020. Par Kieran Pender.
En 1991, le Somaliland divorce de la Somalie. Trente ans plus tard, il n’est toujours pas reconnu par la communauté internationale.
Il s’est pourtant doté de tous les attributs d’un État souverain.
À Hargeisa, la capitale du Somaliland, en 2007. Le pays est une lueur d’espoir dans la Corne de l’Afrique, un état stable, relativement démocratique et globalement fonctionnel. La Somalie, elle, reste ravagée par la violence.
Depuis près d’une décennie, notre planète est découpée en 193 États membres des Nations unies. D’un point de vue cartographique, le monde est extraordinairement statique : un seul nouveau membre, le Soudan du Sud, a été admis dans le concert des nations ces dix dernières années, et trois l’ont été au cours de la décennie précédente.
Cette stabilité n’est qu’apparente. En plusieurs points du globe, la cartographie ne reflète pas la réalité sur le terrain. Certains cas sont bien connus. Ainsi, la Palestine est reconnue par plus des deux tiers des pays membres des Nations unies mais n’a pas de statut d’État à part entière. Google Maps délimite sa frontière avec Israël par une ligne en pointillé. La République turque de Chypre du Nord a droit à un traitement identique : elle n’est reconnue que par la Turquie. Il en va de même pour le Kosovo, dont la souveraineté a été reconnue par plus de 100 pays 2.
Ces...