Publié dans le magazine Books n° 16, octobre 2010. Par Sudhir Hazareesingh.
N’en déplaise aux mânes de Jean-François Revel, les Mémoires de guerre de Charles de Gaulle sont une œuvre littéraire, explique pour Books le politologue Sudhir Hazareesingh. Ils s’inscrivent dans la lignée du Mémorial de Sainte-Hélène et surtout des Mémoires d’outre-tombe. Et ont exercé une influence durable sur les esprits, dont témoigne le fabuleux succès d’Astérix.
Les Mémoires d’un homme d’État peuvent-ils être considérés comme une œuvre littéraire ? Lancée par une pétition d’enseignants, la polémique a surgi en France autour de l’entrée des
Mémoires de guerre du général de Gaulle au programme de français du bac littéraire. En Angleterre, la question aurait de quoi étonner : Winston Churchill fut un écrivain acclamé en son temps à travers le monde anglo-saxon, et ses
Mémoires sur la Deuxième Guerre mondiale reçurent le prix Nobel de littérature en 1953. Aux États-Unis, seuls les adversaires les plus écervelés du président Obama ont contesté les qualités littéraires de son
bestseller Les Rêves de mon père. Publié en 1995, cet ouvrage autobiographique dessine, à travers la poursuite par Obama des traces son père, les traits d’une Amérique multiculturelle et postraciale.
Les
Mémoires de guerre, publiés en trois tomes entre 1954 et 1959, annoncèrent une nouvelle vulgate de l’histoire française : celle d’un pays humilié par la guerre et sourdement menacé par les convoitises des...