David Rieff : « La guerre de Libye ouvre l’ère des croisades »

La catastrophe irakienne avait un temps ébranlé le messianisme démocratique des grandes puissances. La guerre de l’Otan en Libye lui a donné un second souffle. Parée de vertu humanitaire, l’intervention militaire est en passe de devenir un mode de règlement banal des conflits, s’alarme l’Américain David Rieff.

  Le journaliste américain David Rieff est l’un des meilleurs spécialistes de l’ingérence dite humanitaire. Après avoir couvert pour le New York Times les conflits des Balkans dans les années 1990, et plaidé pour l’intervention des grandes puissances, il s’est inquiété de la multiplication de ce type d’opérations. At the Point of a Gun est le récit de son revirement.   Vous avez pris publiquement position contre l’intervention en Libye, qui a été menée au nom de la protection des populations civiles. Faites-vous l’apologie de l’indifférence au sort des autres ? Certainement pas. Je ne suis pas pacifiste et certaines guerres me paraissent légitimes. J’aurais aimé que les grandes puissances interviennent au Rwanda en 1994 pour mettre un terme au génocide, par exemple. Et je continue de penser qu’il était juste de s’engager au côté de la Bosnie. D’une manière générale, je me méfie comme de la peste des principes absolus : dire « jamais », c’est prendre le risque de perdre tout sens...
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ARTICLE ISSU DU N°30

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