Publié dans le magazine Books n° 72, janvier 2016. Par Felix Römer.
La publication du journal inédit d’Alfred Rosenberg, l’un des principaux idéologues du régime nazi, éclaire les luttes de pouvoir au sein du IIIe Reich. Et dévoile le narcissisme d’un fanatique.
Une petite sensation : soixante-dix ans après l’effondrement du IIIe Reich resurgit, avec les notes d’Alfred Rosenberg, le journal intime de l’un des chefs nazis de tout premier plan. Le choc aurait pu être plus grand encore si l’on ne connaissait pas son existence depuis longtemps déjà : l’Américain d’origine allemande Robert Kempner, qui fut l’un des procureurs du procès de Nuremberg, l’avait fait dérober et ne l’avait pas restitué. Après sa mort, le journal disparut de la succession et il fallu attendre 2013 pour remettre la main dessus. Et voilà que les spécialistes de la Shoah Jürgen Matthäus et Frank Bajohr publient ces documents inédits : ils s’étendent de 1934 à 1944 – bien au-delà des fragments de 1934-1935 et 1939-1940 connus jusqu’alors. Cela fait de leur livre l’un des plus importants des dernières années sur l’histoire du nazisme.
Il n’existe qu’un écrit de haut responsable du IIIe Reich qu’on puisse lui comparer, le journal de Goebbels. Certes, les notes de Rosenberg sont loin d’être aussi abondantes et denses, mais elles offrent beaucoup d’aperçus nouveaux sur...