Comment la “fast fashion” menace l’environnement
Publié le 17 mars 2020. Par Pauline Toulet.
Entre 2000 et 2010, le nombre de vêtements vendus chaque année dans le monde a doublé. Aujourd’hui, ce chiffre atteint 100 milliards. En 2014, un Américain moyen s’est débarrassé d’un peu plus de 36 kg de vêtements. Ceux-ci ont en moyenne été portés sept fois avant d’être jetés. Ce sont ces chiffres accablants qu’égraine la journaliste américaine Dana Thomas dans Fashionopolis. Son projet est triple : retracer l’histoire de l’industrie du textile, depuis la fin du XVIIIe siècle jusqu’à nos jours ; pointer les dérives de la « mode éphémère » (fast fashion en anglais) ; mettre en lumière les alternatives proposées par les tenants d’une confection textile plus responsable.
Les dérives de la mode éphémère
« Thomas parvient à attirer l’attention sur les principaux problèmes posés par cette industrie qui génère 2,4 billions de dollars par an. Et elle le fait d’une façon susceptible d’intéresser non seulement les professionnels du secteur mais aussi ceux qui se préoccupent d’économie, de droits de l’homme et de politiques écologiques » observe la journaliste Tatiana Schlossberg dans The New York Times. Thomas s’est rendue dans les sweatshops du Bangladesh et dans les usines du Xinjiang, cette région de la Chine que l’on surnomme « la capitale mondiale du jeans ». Si des enseignes comme Zara ou H&M se targuent d’afficher des prix défiant toute concurrence, celui payé par la planète est exorbitant, souligne l’auteure. L’industrie textile serait responsable de près de 20 % de la pollution de l’eau dans le monde et de 10 % des émissions totales de CO2, précise-t-elle.
Le prix payé par la planète pour la fast fashion
Face à un tel gaspillage de nos ressources naturelles, Thomas plaide pour l’adoption d’un modèle basé sur le concept d’économie circulaire. Recyclage et réutilisation : nos vieux vêtements doivent pouvoir trouver une seconde vie. Une solution que certains jugent peu satisfaisante : « J’aurais aimé que Thomas arrête de tourner autour du pot et propose une série de mesures à mettre en place. Qu’elle déclare qu’il devrait y avoir des lois interdisant de piller ainsi la planète. En mettant l’accent sur le changement des comportements individuels, Thomas laisse les patrons des industries textiles les plus nuisibles s’en tirer à bon compte », regrette l’écrivaine américaine Cintra Wilson dans The New York Review of Books.
À lire aussi dans Books : Ralentissez la mode !, avril 2013.