Chômage
Publié le 20 janvier 2016. Par La rédaction de Books.
L’organisation internationale du travail vient de l’annoncer : le monde franchira en 2016 le seuil des 200 millions de chômeurs.
Ce mot aujourd’hui omniprésent n’a pris son sens moderne que récemment : c’est en 1876 seulement que le mot « chômeur » finit par désigner une « personne réduite au chômage », rappelle l’historienne Claire Bonici dans sa thèse sur « L’indemnisation du chômage aux XIXe et XXe siècles ». Avant cela, il n’existait pas de terme particulier pour nommer les sans-emploi.
Et pour cause ! Le « chômage » lui-même ne signifiait pas encore la privation d’emploi.
Selon le philosophe Eric Lecerf (dans La famine des temps modernes), le terme a d’abord désigné un sacrifice. Par glissement de sens, il en est venu à qualifier la célébration de celui-ci avant de devenir une fête puis une simple absence de travail. Etymologiquement, « chômage » signifie « repos ». Issu du grec kauma « calme », il apparaît en français au XIIIe siècle, après être passé par le latin caumare – « se reposer pendant la forte chaleur ».
Même quand elle s’applique au travail, la notion de « chômage » recouvre longtemps aussi bien les suspensions (temporaires ou définitives) d’activité pour maladie, grève, jours de fêtes, repos dominical ou manque d’ouvrage… Dans la première moitié du XIXe siècle encore, le concept est imprécis. Le Littré et le Larousse définissent simplement le mot comme « le temps que l’on passe à ne pas travailler », « temps d’inactivité », de « cessation d’action ». Mais l’industrialisation va bientôt lui apporter une nouvelle connotation. « Phénomène d’abord ouvrier, écrit Claire Nobici, le chômage prend alors son sens moderne pour désigner “l’absence de travail salarié pour ceux qui en ont besoin” », réalité néfaste impliquant une gestion politique, économique et sociale.
