C’était Ève, pas le serpent

La responsabilité de la femme dans le malheur du monde est définitivement établie par l’un des plus grands spécialistes de la Bible, James Charlesworth. Ce professeur à Princeton a écrit une somme de plus de 700 pages destinée à réhabiliter la figure du serpent. Il démonte méthodiquement l’interprétation habituelle du fameux passage de la Genèse où Ève mange la pomme.

La responsabilité de la femme dans le malheur du monde est définitivement établie par l’un des plus grands spécialistes de la Bible, James Charlesworth. Ce professeur à Princeton a écrit une somme de plus de 700 pages destinée à réhabiliter la figure du serpent. Il démonte méthodiquement l’interprétation habituelle du fameux passage de la Genèse où Ève mange la pomme. D’abord, le serpent n’était pas le diable, car rien ne l’indique explicitement, ni dans ce passage ni dans les anciens textes juifs. Ensuite, il ne « tente » pas Ève (laquelle est simplement appelée « la femme »). Il lui pose poliment une question raisonnable : Dieu a-t-il effectivement interdit l’accès à l’arbre, au risque pour le contrevenant de périr le jour même ? C’est Ève qui, spontanément, se dirige vers l’arbre et mange la pomme, et elle ne meurt pas. Enfin, le serpent n’était pas un serpent. Il avait des pattes. C’est par suite de cette ténébreuse affaire qu’il devient un animal sans pattes, contraint de ramper. Charlesworth admet son « ophiophilie », ce qui pourrait atténuer un peu la portée de certaines de ses analyses, écrit John Barton dans le Times Literary Supplement, mais son « immense érudition » inspire le respect.

LE LIVRE
LE LIVRE

Le serpent, bon et mauvais, Yale University Press

ARTICLE ISSU DU N°27

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