Certains l’aiment froide
Publié dans le magazine Books n° 117, janvier-février 2022. Par Rebecca Mead.
Depuis quelques années, une activité fait fureur en Grande-Bretagne : la « nage sauvage ». Délaissant les piscines chlorées, les Britanniques se glissent dans les eaux glacées de leurs lacs, de leurs rivières et de leurs étangs. À en croire leurs adeptes, non seulement ces baignades en plein air fouettent le sang, mais en plus elles sont bonnes pour le moral.
Outre-Manche, quelque 500 000 passionnés de « nage sauvage » vont barboter en toute saison dans les mers, les lacs et les rivières, quitte à emporter une hache pour briser la glace.
En 1973, Roger Deakin, écrivain et écologiste britannique, acquit un corps de ferme en ruine aux abords du petit village de Mellis, dans le Suffolk, et entreprit de le retaper. Il restaura les murs de pierre et refit la toiture. L’une des particularités de la Ferme du Noyer (le nom de sa maison) sont ses douves profondes alimentées par une source souterraine. Elles n’entourent pas la demeure, comme dans un château fort, mais ont été creusées à même la terre en deux lignes à peu près parallèles à l’avant et à l’arrière de la propriété. À l’origine, au XVIe siècle, elles faisaient office de réserve d’eau, de glacière et de signe extérieur de richesse. Au fil du temps, les douves tombèrent en désuétude et se remplirent de feuilles mortes et de racines d’arbres vermoulues. Deakin les fit draguer jusqu’à 3 mètres de profondeur, installa une échelle en bois près d’un saule et se mit à nager régulièrement dans leurs eaux froides et verdâtres. Il acquit ainsi ce qu’il...