Ce que le Mexique doit à la Vierge Marie
Publié le 16 février 2018. Par La rédaction de Books.
L'Apparition, Copyright Shanna Besson
Dans L’Apparition, sur les écrans cette semaine, Xavier Giannoli met en scène une jeune fille qui reçoit des visions de la Vierge Marie. Une telle manifestation est devenue au fil des siècles le symbole le plus puissant du nationalisme mexicain, rapporte l’historien David Brading dans Mexican Phoenix. En 1531, Marie serait apparue à Juan Diego, un paysan indien récemment converti. Elle lui aurait demandé de ramasser des fleurs et d’aller les porter au premier évêque de Mexico, Juan de Zumárraga. Mais quand ce dernier ouvre la pièce de tissu dans laquelle étaient les fleurs, il découvre à leur place une image de la Vierge imprimée sur l’étoffe. La légende et la fameuse étoffe ont résisté au passage des siècles. Cette dernière est toujours gardée à la Basilique Notre-Dame-de-Guadalupe à Mexico.
Elle n’a jamais été soumise à des tests scientifiques. Toutes les tentatives de mettre en cause sa provenance ont été traitées comme des attaques contre le catholicisme et le patriotisme mexicain. Car l’image a pris une dimension politique. Par exemple, en 1748, un prédicateur assure que l’Antéchrist va prendre le pouvoir en Europe et que le Pape et le roi d’Espagne viendront au Mexique se mettre sous la protection de Notre-Dame-de-Guadalupe. Ce thème, assure Brading, a longtemps été populaire. Mais cette image de la Vierge a autant été invoquée pour soutenir le pouvoir espagnol que pour le défier. Le révolutionnaire Miguel Hidalgo la brandit en 1810, et elle devient alors le symbole d’un nationalisme naissant. Elle a aussi été invoquée comme leur patronne par les peuples indigènes, alors même que l’élite créole du pays était persuadée qu’elle la protégeait.
A lire aussi dans Books : Marie, revue et corrigée, décembre/janvier 2011.