Capitalisme à la française
Publié dans le magazine Books n° 122, novembre-décembre. Par Baptiste Touverey.
Au XVIIIe siècle, la France a expérimenté, en dépit de ses structures encore largement archaïques, des formes révolutionnaires de capitalisme.
Longtemps, la Révolution française a été considérée comme l’un des événements les plus importants, si ce n’est le plus important, de l’histoire humaine. C’était une sorte d’épiphanie, révélant non seulement au peuple français mais à ceux du monde entier les voies de l’avenir. Cela a duré grosso modo « un siècle et demi », note David A. Bell dans la London Review of Books. Aujourd’hui, après l’effondrement de l’URSS et les échecs relatifs aussi bien du Printemps arabe que des révolutions « de couleur » (orange en Ukraine, des roses en Géorgie…), le moins que l’on puisse dire, c’est que la foi dans la capacité des révolutions à vraiment changer les choses a pris du plomb dans l’aile. Bell, historien spécialiste de la France des XVIIIe et XIXe siècles, reconnaît que, désormais, « s’il y a une révolution qui enthousiasme [s]es étudiants de premier cycle, ce n’est pas la française, c’est l’haï...