Des bienfaits (méconnus) de la marche à pied
Publié en mai 2020. Par Pauline Toulet.
À Flaubert, qui prétendait que l’on ne peut penser et écrire qu'assis, Nietzsche adresse une réplique cinglante : « Être cul-de-plomb, voilà, par excellence, le péché contre l'esprit ! Seules les pensées que l'on a en marchant valent quelque chose », écrit-il dans Crépuscule des idoles. Pour excessif que soit le philosophe allemand, ce n’est pas Shane O’Mara, professeur de neurosciences au Trinity College de Dublin, qui irait le contredire. Avec In Praise of Walking, il signe un ferme plaidoyer en faveur de la marche à pied.
La marche, une activité holistique
O’Mara « aborde à peu près toutes les facettes du sujet, des poètes et flâneurs du XIXe siècle aux expériences de neuroimagerie », commente Helen Davies dans The Times. La marche est une activité « holistique », insiste l’auteur : elle aurait des effets positifs sur la mémoire et le système cardiovasculaire, sur la créativité et la gestion du stress, sur la plasticité cérébrale et la tension artérielle.
O’Mara évoque par exemple une expérience menée par une équipe de chercheurs italiens en 2011. S’interrogeant sur les effets de la marche soutenue sur l’organisme, ils ont demandé à un sujet de 62 ans d’arpenter la Via Alpina sur près de 1 300 km pendant trois mois. Celui-ci faisait l’objet d’un monitoring constant, et il ressort que presque toutes ses caractéristiques physiologiques ont été dopées par la marche : amélioration de sa capacité pulmonaire, baisse de sa tension artérielle, diminution de son indice de masse grasse et de son taux de triglycérides (qui augmentent le risque de maladies cardiovasculaires).
Les bienfaits d'une marche de trente minutes
Et, bonne nouvelle, il n’est pas nécessaire de se lancer dans un long trek pour bénéficier des bienfaits de la marche, pointe O’Mara. Marcher à une vitesse de 5 km/h pendant une trentaine de minutes, quatre ou cinq fois par semaine, serait amplement suffisant. Naturellement, l’exercice est d’autant plus agréable qu’il se déroule dans un environnement adapté : « O’Mara milite pour un meilleur aménagement des zones urbaines pour les marcheurs. Comme beaucoup d’urbanistes progressistes, il estime que les piétons devraient être la priorité numéro un des villes – pas les véhicules motorisés, et surtout pas les voitures particulières », note Sylvia Thompson dans The Irish Times.
À lire aussi dans Books : Marcher est un sport, décembre 2014.