L’autre homme invisible
Publié le 18 octobre 2019. Par La rédaction de Books.
L'Angle mort, Copyright Doc and Film International
Le personnage principal du film L’Angle Mort, de Patrick-Mario Bernard et Pierre Trividic, a le pouvoir de se rendre invisible. Il n’en use pas et le cache même à son entourage.
Quand on parle d’homme invisible on pense immédiatement au roman de H. G. Wells (1897) et à son adaptation au cinéma par James Whale, en 1932. Mais, aux États-Unis, un autre homme invisible a marqué la littérature. Il s’agit du héros du premier roman de l’écrivain afro-américain Ralph Ellison, Homme invisible pour qui chantes-tu ? qui lui a valu de recevoir le National Book Award en 1953.
Le personnage annonce dès le prologue : « Je suis un homme qu’on ne voit pas. » Mais loin d’être un superpouvoir, son invisibilité est un handicap. « Rien à voir […] avec les ectoplasmes de vos productions hollywoodiennes. Je suis un homme réel, de chair et d’os, de fibres et de liquides – on pourrait même dire que je possède un esprit. Je suis invisible, comprenez bien, simplement parce que les gens refusent de me voir. »
Ce n’est qu’après de nombreuses pages que le lecteur découvre que le narrateur est noir, et que ceux qui ne le voient pas sont blancs. Sa non-présence est sociale. Ce jeune homme qui toute son enfance a été préparé à se montrer respectueux envers les blancs, se rend compte à l’âge adulte qu’il est invisible pour eux. Les blancs ne voient de lui au mieux que le reflet de leurs idées préconçues, au pire rien du tout.
À lire aussi dans Books : L’histoire de l’encre invisible, avril 2016.