Auguste Comte positivé
Publié dans le magazine Books n° 39, janvier 2013.
Il faut (re)découvrir le positivisme ! Loin d’être la doctrine austère et rigoureuse que l’on croit, ce système comporte bien des dimensions insoupçonnées – même si elles sont souvent saugrenues. Auguste Comte voyait dans la femme le pivot de la société à venir.
Trois volumes, 2 608 pages, pour une biographie d’Auguste Comte dont la vie ne fut ni bien longue (59 ans) ni surtout bien animée ? Mais attention : c’est une « biographie intellectuelle » qu’a écrite l’Américaine Mary Pickering, qui a donc pu puiser dans une matière autrement dense et riche en paradoxes, voire en cocasseries.
Le paradoxe numéro 1, c’est que le « positivisme » – malgré le considérable retentissement du mot – est en fait mal connu, notamment dans son pays d’origine, où les textes fondateurs n’ont guère été lus. Le premier volume du Cours de philosophie positive ne s’est vendu qu’à 170 exemplaires en trois ans. L’ouvrage constitue cependant « l’une des dernières grandes tentatives individuelles pour rendre compte du savoir humain dans sa globalité », assure Thomas Meaney dans la New York Review of Books – ajoutant aussitôt avec irrévérence que Comte y multiplie les « recommandations sur...