Publié dans le magazine Books n° 33, juin 2012.
Point d’orgue de l’eschatologie biblique, le dernier livre du Nouveau Testament aurait en fait été rédigé dans un esprit antichrétien.
Avec sa cohorte de cavaliers vengeurs, de trompettes funestes et autres créatures démoniaques, l’Apocalypse de Jean – le dernier livre du Nouveau Testament – se démarque nettement des autres ouvrages canoniques que sont les Évangiles, les Actes des Apôtres et les Épîtres. « Près de deux mille ans après sa rédaction, le sens du texte et l’identité de son auteur font toujours l’objet d’un vif débat », constate la
New York Review of Books.
Elaine Pagels, éminente professeure de religion à l’université de Princeton (1), expose dans ce petit livre érudit les thèses qui ont sa faveur. En bonne spécialiste du gnosticisme, elle ne manque pas de rappeler que l’Apocalypse est tout sauf un document singulier. Il relève au contraire d’un genre prophétique très en vogue à l’époque de sa rédaction (que Pagels situe en 90 après Jésus-Christ). Comme le précise Adam Gopnik dans le
New Yorker, « le texte ne fut admis qu’in extremis dans le canon biblique, sur l’insistance de saint Athanase », sans qui il aurait sans doute été jeté aux oubliettes des héré...