Publié dans le magazine Books n° 50, janvier 2014. Par Suzi Vieira.
La monnaie unique est un artifice dont la classe politique européenne a fait un tabou. Il est temps de renoncer à cette absurdité liée à la grande illusion monétaire dont le monde fait les frais : le créditisme, un système qui privilégie la dette au détriment de l’épargne et de la création de valeur.
Enseignant à l’université de Navarre, le philosophe argentin Alejandro Vigo est spécialiste d’éthique et de philosophie antique. Auteur de plusieurs ouvrages, il est coéditeur de la revue internationale Méthexis, International Journal for Ancient Philosophy. Il a reçu en 2010 le prix Friedrich Wilhelm Bessel, décerné par la fondation Humboldt et le ministère allemand de l’Éducation.
Qu’est-ce qui peut bien pousser un spécialiste de philosophie antique à s’intéresser aux politiques monétaires ?
Mon intérêt pour la théorie de la monnaie est ancien. Il s’explique par mon parcours théorique, qui m’a amené à étudier les économistes de l’école de Vienne (1), mais aussi, bien entendu, par mon histoire personnelle : un homme né comme moi à Buenos Aires à la fin des années 1950 possède une longue expérience des crises monétaires. Les citoyens n’en ont pas suffisamment conscience, mais la question monétaire est capitale ; elle devrait être au centre du débat public. Je suis...