Al Capone face à l’Histoire
« Le crime organisé est un ver solitaire installé dans les entrailles de l’économie américaine », lit-on dans The Spectator. C’est à Chicago en 1920 que tout a vraiment commencé, avec l’institution de la Prohibition (Volstead Act), rappelle dans son dernier ouvrage John J. Binder, un historien qui a scruté l’histoire des gangs de la ville pendant 25 ans. Le prix du fût de bière a été multiplié par 15, et le bootlegging (production et vente clandestine d’alcool) a vite supplanté les activités traditionnelles de la pègre (jeux clandestins, racket, extorsion, bordels…). Les deux gangs qui se partageaient Chicago, les Italiens du South Side et le gang juif/irlandais du North Side, se sont âprement disputés ce lucratif business. Meurtres, dénonciations, puis tentative de création d’un syndicat à Atlantic City en 1929. Mais après une tentative d’assassinat (pendant qu’il soignait ses chrysanthèmes dans la boutique de fleurs qui lui servait de couverture), le patron des gangsters italiens doit s’enfuir en Italie ; l’implacable et volatile Al Capone le remplace. Résultat : à la fin de la Prohibition (en 1933), on ne compte pas moins de 700 morts violentes, essentiellement à la mitraillette Thomson, une grande nouveauté pour l’époque. John J. Binder sait tout de cette pègre : qui a tué qui, et comment ; qui a été enterré où et par qui. Avec lui, s’extasie The Spectator, impossible de confondre Earl « Hymie » Weiss (qui a tué son frère d’une balle dans la poitrine) avec un Louis « Diamond Jack » Allerie (qui a été tué par son propre frère d’une balle dans le dos).
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