Vladimir Malakhov : « L’Antarctique est le garde-manger de l’humanité »
Publié dans le magazine Books n° 110, septembre 2020. Par Elena Koudriavtseva.
Après une longue absence, la Russie est de retour dans l’océan Austral et s’intéresse à ses immenses ressources. À commencer par le krill, cette minuscule crevette qui pourrait bien être un aliment d’avenir.
Comme de nombreuses autres espèces animales de la péninsule Antarctique, le manchot papou se nourrit quasi exclusivement de krill, un petit crustacé qui grouille dans les eaux australes.
Vladimir Malakhov est un biologiste russe de renommée internationale, spécialiste notamment des invertébrés aquatiques. Il enseigne à l’université d’État Lomonossov de Moscou (MGU) et est membre de l’Académie des sciences de la Fédération de Russie.
Elena Koudriavtseva : En pleine pandémie de Covid-19, on a vu rentrer au port de Kaliningrad un navire scientifique russe, qui revenait d’une longue expédition en Antarctique consacrée à l’étude de la population de krill, ce petit crustacé qui abonde dans les eaux polaires. Comment expliquez-vous l’intérêt de la Russie pour cette crevette microscopique ?
Vladimir Malakhov : Commençons par dire que ce n’est pas un hasard si notre expédition scientifique est partie étudier le krill à l’autre bout de la planète, dans les eaux de l’Antarctique. L’océan Austral est peut-être l’endroit du monde le plus riche en ressources naturelles...