Publié dans le magazine Books n° 101, octobre 2019. Par Alexandre Levy.
Le mouvement de protestation qui a débuté en février en Algérie est une « renaissance », comme le fut l’indépendance en 1962. Pour celui qui fut le plus jeune prisonnier FLN en France, l’avènement d’une démocratie ouverte est désormais possible.
Vous signez votre livre de trois noms : Mohand Zeggagh, mais aussi « Tahar » et « Rachid ». À quoi cela correspond-il ?
À trois étapes importantes de ma vie. Le premier est mon véritable état civil. C’est le nom que m’ont donné mes parents, et c’est comme cela que m’appellent mes proches et les gens de mon village, Tamassit, en Algérie. Les deux autres sont des noms de guerre. Le premier m’a été attribué lors de mon adhésion au FLN, en 1955 ; j’avais alors 16 ans, et je résidais chez mon oncle, à Gennevilliers, où je travaillais à l’usine. Deux ans plus tard, j’ai été arrêté et incarcéré dans l’attente d’être jugé par le tribunal militaire de Paris. D’abord à Fresnes, puis à Loos-lez-Lille, où j’ai côtoyé bon nombre de militants bien plus âgés que moi ; beaucoup sont devenus conseillers, ministres, ambassadeurs de l’Algérie indépendante. Je suis resté en prison jusqu’aux accords d’Évian, en 1962, puis je suis rentré en Algérie, où j’ai exercé moi aussi diverses fonctions au sein de l’appareil d’État, d’abord dans la Zone autonome d’Alger (...