Laisse ton colt au vestiaire
Publié le 8 août 2019. Par La rédaction de Books.
Never Grow Old/ © Koch Films
Dans Never Grow Old, du réalisateur irlandais Ivan Kavanagh, un trio de hors-la-loi sème la terreur dans un trou perdu sur la route californienne de la ruée vers l’or. Le film joue moins du revolver que la plupart des westerns, ce qui ne trahit pas la réalité du Far West.
La réputation de professionnels de la gâchette faite aux habitants de l’Ouest américain est du pur sensationnalisme, assure l’historien Robert Dykstra, auteur de The Cattle Towns et de Dodge City and the Birth of the Wild West. Elle a été forgée dès le XIXe siècle par la littérature populaire, les spectacles de Buffalo Bill et l’idée déjà en vogue selon laquelle assurer sa sécurité par les armes est consubstantiel à l’identité américaine.
Dans des localités peuplées d’éleveurs de bétail, comme Tombstone, en Arizona, ou Dodge City, au Kansas, on ne dénombrait en moyenne que un ou deux homicides par an, estime Dykstra. Les cités minières étaient un peu plus violentes, surtout à leurs débuts, avant la mise en place de forces de l’ordre.
Mais dans beaucoup de villes, comme Tombstone, théâtre du règlement de compte d’O.K. Corral, la plus célèbre fusillade de la conquête de l’Ouest (trois morts en trente secondes), le port d’armes était réglementé. Armes à feu et armes blanches étaient interdites à l’intérieur de la ville. Les habitants devaient les laisser chez eux et les visiteurs les déposer auprès de l’agent chargé du maintien de l’ordre, qui tenait ainsi une sorte de vestiaire pour armes.
La première décision du conseil municipal de Dodge City lors de sa constitution en 1873 est ainsi d’interdire le port d’armes en ville, afin d’attirer les investisseurs et les familles. Et, à l’époque, note le professeur de droit Adam Winkler dans Gunfight: The Battle over the Right to Bear Arms in America, personne ne prétendait que la seule manière de réduire la violence était d’armer plus largement la population.
À lire aussi dans Books : Les joyeux drilles du Far West, mai-juin 2010.