La juriste qui définit le harcèlement sexuel
Publié le 19 avril 2019. Par La rédaction de Books.
Working Woman, Copyright KMBO
Working Woman, de la réalisatrice israélienne Michal Aviad, montre l’effet du harcèlement sexuel au travail sur la vie quotidienne d’une femme.
Le terme « harcèlement sexuel » est apparu dans les années 1970 dans les milieux féministes américains. La publication en 1979 du livre Sexual Harassment of Working Women, de la juriste Catharine MacKinnon a contribué à le populariser. Dans cet ouvrage, MacKinnon cherche à démontrer que les comportements masculins inappropriés au travail ne sont pas un délit comme un autre. Ils sont une forme de discrimination liée au sexe. Ils mettent en pratique et perpétuent l’inégalité entre hommes et femmes.
Dans le contexte de l’époque, elle estime que le harcèlement sexuel est endémique, un élément central du monde du travail où les travailleuses sont jugées selon les critères imposés aux épouses et aux concubines. Elle s’inspire des travaux du sociologue Talcott Parsons qui observe que les femmes dans l’entreprise tiennent le rôle d’« épouses-mères » : elles effectuent des tâches « ménagères » (ranger, classer, répondre au téléphone…), elles boostent l’ego des hommes et leur servent d’objet sexuel. « La valeur économique des femmes tend à être liée à la manière dont les hommes perçoivent leur capacité à être harcelée sexuellement », écrit même MacKinnon. Cette subordination des travailleuses aux désirs masculins reproduisant les déséquilibres de la société aboutit à ne plus voir la différence entre contrainte et consentement.
Sept ans après la publication de son livre, Mac Kinnon est l’une des avocates de Michelle Vinson, une employée de banque qui accuse son patron de la harceler depuis trois ans. Son affaire est portée devant la Cour suprême qui juge à l’unanimité et pour la première fois que le harcèlement, en créant un environnement de travail hostile, est discriminatoire et illégal.
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