Casse-noisette l’Américain
Publié le 30 novembre 2018. Par La rédaction de Books.
Casse-noisette et les quatre royaumes/ © The Walt Disney Company France
Rien d’étonnant à ce que, un mois avant Noël, les studios Disney sortent une adaptation de Casse-noisette. Selon Jennifer Fisher, historienne de la danse, le ballet-féérie de Tchaïkovski a pris une place toute particulière dans la société nord-américaine. Dans Nutcracker Nation (« Le pays Casse-noisette »), elle explique qu’assister à une représentation du ballet en cette période de l’année est un rituel pour des générations d’Américains et de Canadiens. Cette pratique n’est pas plus « traditionnelle » que les chansons de l’été et tout aussi commerciale que la fête des pères. Mais pas une localité ne passe les fêtes sans son Casse-noisette. À tel point que c’est devenu une source de financement essentielle pour les compagnies de danse, assure Fisher. Valeurs familiales traditionnelles, bienveillance, nostalgie, et un brin de compétition individuelle (pour s’assurer le meilleur rôle dans la production amateur locale) ont permis à ce ballet russe de se faire une place dans les « traditions » américaines.
Fisher raconte comment Casse-noisette a conquis progressivement l’Amérique du Nord. Au milieu du XXe siècle, il a avancé sur deux fronts : les amateurs de ballet des classes moyennes ont été séduits par les tournées des Ballets russes de Monte Carlo et le grand public a découvert la musique de Tchaïkovski et l’esthétique des ballets grâce aux champignons dansants du film Fantasia, de Disney. La version proposée par le chorégraphe George Balanchine en 1954 et diffusée à la télévision nationale le jour de Noël en 1957 et 1958 achève de mettre Casse-noisette dans toutes les têtes. Il est ensuite devenu « une sorte de franchise en roue libre », note Fisher. Chaque ville se l’est approprié : Hawaï y a fait figurer des hulas, l’Arizona des cow-boys, Winnipeg des hockeyeurs…
À lire aussi dans Books : La beauté fragile du ballet, mars 2011.