«On ne sait trop que faire avec Prilepine, dans quelle catégorie le classer. En Russie, on n’a pas vraiment de précédent dans ce domaine », écrivait en 2007 le journaliste et critique littéraire Dmitri Bykov en introduction à l’édition russe du
Péché (traduit en français en 2009 aux Éditions des Syrtes). Ce recueil de nouvelles et de poèmes ne faisait que confirmer l’impression laissée par ses précédents livres,
Pathologies (Éditions des Syrtes, 2007) et
San’kia (Actes Sud, 2009) : le jeune Zakhar Prilepine, ancien membre des Omon, les forces spéciales du ministère de l’Intérieur, était un véritable ovni sur la scène littéraire russe. Autant par son style à la fois sensible et percutant – Emmanuel Carrère le compare à un Philippe Djian « qui aurait connu la guerre » – que par sa dégaine de commando, crâne rasé et regard perçant, surgi du fin fond de la
gloubinka, cette Russie des profondeurs, provinciale et rude, si loin des fastes de Moscou et Saint-Pétersbourg.
Depuis, beaucoup d’eau a coulé sous les ponts. L’enfant terrible des lettres russes,...