L’art si humain de la conversation
En linguistique, les recherches portent principalement sur le langage formel ou la grammaire, mais très rarement sur le dialogue, déplore Nick Enfield. Dans How We Talk, ce professeur de linguistique de l’université de Sydney compare dix langages et analyse « les règles que nous suivons quand nous prenons la parole à tour de rôle, les façons dont nous traitons les erreurs et les incompréhensions, les fonctions des petites expressions telles que « um », « mm-hmm » et « huh » ».
La règle communément admise est qu’une conversation ne doit comporter aucun blanc ni chevauchement. Nous commençons donc à formuler mentalement notre réponse avant même que notre interlocuteur ait terminé son énoncé. En moyenne, nous prenons la parole après un silence d’à peine 200 millisecondes, nous apprend l’auteur. Et si cette mécanique fonctionne si bien, c’est grâce à notre capacité à envoyer et interpréter des signaux qui régulent la conversation.
Les petits mots comme « heu » ou « humm », loin d’être des défauts d’élocution, sont en réalité cruciaux pour permettre la collaboration des interlocuteurs. « Ce qui est fascinant au sujet de la conversation, ce n’est pas à quel point elle est difficile, mais plutôt avec quelle aisance les gens coopèrent inconsciemment pour qu’elle semble facile » souligne The Economist.
A lire aussi dans Books : Et la parole fut, mars/avril 2017.