Existe-t-il une « culture alimentaire chrétienne » ? Pas évident, de prime abord, l’une des particularités du christianisme étant de s’être débarrassé des interdits alimentaires du judaïsme. Dans
La Chère et l’Esprit, l’historien italien
Massimo Montanari montre pourtant que l’alimentation occupe une place symbolique centrale dans le christianisme : « Le sommet du sacré y est constitué par un repas, la Cène », rappelle Michela Dall’Aglio dans la revue
Doppiozero. De là l’importance du pain et du vin et cette idée fort originale de fidèles qui mangent leur dieu… Montanari note une évolution de la joie et de la liberté qui prévalent dans les Évangiles à l’austérité imposée ensuite par l’Église. Jésus, même s’il jeûne quarante jours dans le désert, banquette aussi volontiers, y compris avec des pécheurs et des prostituées. L’Église va favoriser, elle, l’ascétisme et réintroduit des règles strictes. « Cette aversion contre la joie née de la matière n’est pas d’origine hébraïque, mais grecque »,...