Kazuo Ishiguro : « J’écris sur la face cachée de la mémoire »

Devenu écrivain pour sauvegarder ses souvenirs d’enfance, Kazuo Ishiguro a construit une œuvre tout entière consacrée à la mémoire. Elle permet à l’artiste d’explorer mieux que personne les émotions qu’engendrent les souvenirs d’un individu, d’un couple ou d’une nation. Dans ses derniers romans, il réfléchit ainsi à ce qu’il en coûte de réprimer ou de devoir affronter la mémoire du passé.


© Andrew Testa/The New York Times/Redux/REA
Né en 1954 à Nagasaki, Kazuo Ishiguro vit à Londres. Connu pour la subtilité et la délicatesse avec laquelle il traite du refoulement des sentiments, il est l’auteur de six romans empreints de nostalgie, dont Les Vestiges du jour, Man Booker Prize et succès mondial, adapté au cinéma par James Ivory, et Auprès de moi toujours, adapté au cinéma par Mark Romanek.   D’où vient votre prédilection pour le thème des souvenirs, omniprésent dans votre œuvre ? Je suis certainement devenu écrivain afin de sauvegarder mes souvenirs d’enfance, même si je ne m’en rendais pas compte à l’époque. Je suis né à Nagasaki mais, à 5 ans, j’ai suivi mes parents en Angleterre – mon père, océanographe, devait y poursuivre ses recherches. Nous parlions japonais à la maison, je choyais mes souvenirs. En grandissant, ces souvenirs sont devenus les piliers d’un monde intérieur que nourrissaient les jeux et les livres pour enfants envoyés par mon grand-père, ou encore les films japonais sortis au moment de ma naissance – ceux d’Ozu notamment. Je pensais que notre séjour...
LE LIVRE
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Le Géant enfoui de Kazuo Ishiguro, Editions des Deux Terres, 2015

ARTICLE ISSU DU N°66

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