Les possibilités d’une île
Publié dans le magazine Books n° 16, octobre 2010.
Prodige des lettres anglaises, David Mitchell évoque dans son dernier roman la rencontre des civilisations européenne et japonaise sur l’île de Dejima, au XVIIIe siècle.
La parution, en mai dernier, du cinquième roman de l’écrivain anglais David Mitchell, The Thousand Autumns of Jacob De Zoet, a fait sensation dans le monde anglo-saxon. L’ouvrage serait même, selon la rumeur, en bonne place pour remporter le Booker Prize 2010 (annoncé le 12 octobre).
C’est que David Mitchell fait partie de ces êtres que l’ont dit « naturellement doués pour raconter des histoires », remarque l’exigeant critique littéraire James Wood, dans le New Yorker. « Ou, plus exactement, c’est l’un de ces rares écrivains dont le don pour l’artifice est proprement surnaturel. Un écrivain qui, mieux que la plupart, peut camper un paysage, dresser un portrait, moduler une voix, poser une intrigue, faire monter le suspense. »
L’écrivain de 41 ans (dont les ouvrages sont traduits aux éditions de l’Olivier) est souvent classé parmi les auteurs « postmodernes » : parce qu’il joue avec les codes du roman, recourt abondamment à l’intertextualité et à la métafiction – cette écriture sur l’écriture qui met en évidence le caractère fictionnel du roman. Mais...