Böll année zéro
Publié dans le magazine Books n° 17, novembre 2010.
Peut-on écrire après Auschwitz ? La question s’est posée dès la fin de la guerre. Pour Adorno, l’art était devenu « impensable ». Mais pour Heinrich Böll, c’était une nécessité. « Böll était absolument convaincu que ce qui s’était passé, trop terrible à concevoir, risquait de sombrer dans l’oubli », note le Süddeutsche Zeitung. L’écrivain allemand a 30 ans à peine quand il écrit Croix sans amour et Le Testament, deux récits sur l’affrontement entre les nazis et leurs adversaires pacifistes.
Le futur prix Nobel se sert de ses six années d’expérience dans l’infanterie pour y décrire un monde de terreur et de souffrance vaine, où l’individu, embarqué dans la guerre par un pouvoir totalitaire, ne peut trouver le salut que dans la foi. À l’époque, ses éditeurs reprochent à Böll le côté moralisateur, manichéen de ces deux récits. Ils ne seront publiés outre-Rhin qu’en 2003, les critiques laissant alors place aux louanges. La ribambelle de répétitions et de points d’exclamation est interprétée comme une façon de renforcer les sentiments,...
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