« Les correspondants étrangers à Cuba sont tous confrontés au même dilemme : dire toute la vérité et s’exposer à l’expulsion ou à la censure, ou bien dire toute la vérité possible et continuer à informer un tant soit peu le monde de ce qui se passe à Cuba », explique Ricardo Cayuela Gally, rédacteur en chef de la revue
Letras Libres. Dans
Los funerales de Castro, le journaliste Vicente Botín, ancien correspondant de la télévision espagnole à La Havane, confesse, sans mauvaise conscience, avoir opté pour la seconde solution. « Mais Botín avait un projet, qu’il a réussi à garder secret, malgré la surveillance étroite dont il fut l’objet », rapporte Cayuela Gally : écrire un livre sur son expérience à La Havane. « C’est un acte de vengeance journalistique, une catharsis », ajoute-t-il. « Armé de son ordinateur portable crypté, Botín a compilé, avec la minutie d’un entomologiste, tous les détails de la réalité cubaine : la vie collective dans les maisons décrépites, qui menacent à chaque instant de s’effondrer, les carnets de rationnement, les files d’attente interminables pour récupérer une nourriture mauvaise et rare.
Los...