Publié dans le magazine Books n° 41, mars 2013. Par John Fletcher.
Romancier discret, conférencier barbant, anticonformiste, le Nobel français n’a jamais vraiment trouvé son public. Sa vie, elle, mérite un détour.
Claude Simon a beau avoir remporté le prix Nobel de littérature en 1985 – ils sont une douzaine d’écrivains français à l’avoir obtenu –, son nom n’est pas vraiment familier en France, et il est pratiquement inconnu à l’étranger. S’il n’a pas réussi à faire plus forte impression dans son propre pays ou ailleurs, c’est en grande partie à cause de la difficulté de sa prose. Il a été bien servi par ses traducteurs anglophones, mais, avec la meilleure volonté du monde, même leur doyen, Richard Howard, ne peut pas faire grand-chose des premières lignes de
La Route des Flandres :
« Il tenait une lettre à la main, il leva les yeux me regarda puis de nouveau la lettre puis de nouveau moi, derrière lui je pouvais voir aller et venir passer les taches rouges acajou des chevaux qu’on menait à l’abreuvoir, la boue était si profonde qu’on enfonçait dedans jusqu’aux chevilles mais je me rappelle que pendant la nuit il avait brusquement gelé et Wack entra dans la chambre en portant le café disant Les chiens ont mangé la boue, je n’avais jamais entendu l’expression… »
Le passage...