La société arabe malade du sexe

Son voisin la viole, son frère la tue. Le voisin n’est pas inquiété, le frère ne fait que six mois de prison. Quelque chose ne tournerait-il pas rond dans les sociétés arabes ? Meurtres d’honneur, excisions, culte absurde de la virginité… Au machisme barbare des hommes répond la complicité criminelle des femmes.

Votre voisin était exhibitionniste. Vieux, dégoûtant, les traits taillés à la serpe. Chaque fois que je revenais de l’école et qu’il me croisait dans l’escalier, il ouvrait sa robe de chambre (il était toujours en robe de chambre, allez savoir pourquoi) et me montrait son pénis ratatiné. « Allez, viens, touche-le, je sais que tu en meurs d’envie », me répétait-il tandis que je courais me réfugier à la maison. C’était le premier pénis que je voyais. Certes, on peut rêver d’une meilleure initiation à l’anatomie masculine, mieux adaptée aux enfants. Son stratagème était répugnant, la situation sordide. C’est probablement pour cette raison que, lorsque je devins sexuellement active, je fermais les yeux de toutes mes forces quand je me retrouvais avec un homme nu. Il me fallait éviter cette vision à tout prix. Ressentir, mais surtout ne pas voir. J’étais en plein instinct de survie. Échapper à la nausée et aux désillusions. La seule idée de le toucher avec les mains me soulevait le cœur. Il me fallut beaucoup de temps, et bien du courage pour, un jour, oser regarder la...
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Superman est arabe de La société arabe malade du sexe, Actes Sud

ARTICLE ISSU DU N°40

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