Publié dans le magazine Books n° 45, juillet-août 2013. Par Jean-Louis de Montesquiou.
Mémoire de la vie psychique, le journal intime a souvent pour fonction de vous guérir de quelque chose. Au contraire de l’autobiographie, reflet d’un projet, d’une mise en scène de soi-même, c’est un instantané, qui a la fraîcheur du spontané.
Philippe Lejeune est un universitaire français qui s’est spécialisé dans l’étude du journal intime et de l’autobiographie. Il a publié de nombreux ouvrages sur ces thèmes, depuis L’Autobiographie en France (1971) jusqu’à Autogenèses. Brouillons de soi (2013), en passant par « Cher cahier ». Témoignages sur le journal personnel (1990).
« Le journal intime est presque impossible à définir, il y en a de toutes sortes et pour tous les goûts », a dit le romancier anglais William Boyd. Peut-on malgré tout dégager des traits communs ?
Le journal intime, c’est d’abord et surtout une sorte de mémoire de la vie psychique. Il fige le souvenir des faits, et surtout de la façon dont on a, sur le moment, vécu et perçu ces faits. Quand on relit son journal, parfois des décennies plus tard, il nous met face à face avec un ancien nous-même et nous dit : « Mais oui, mon petit, tu as fait ci, tu as pensé ça ! » Cela peut être tout à fait désagréable. L’oubli joue en effet un rô...