Publié dans le magazine Books n° 51, février 2014. Par Olivier Postel-Vinay.
L’orientation politique de chacun est ancrée dans ses gènes, soutiennent un nombre croissant de spécialistes américains. Ils se heurtent à forte partie.
Les électeurs du Front national et ceux qui voteraient aujourd’hui encore pour François Hollande ont-ils une telle différence, dans la structure de leur personnalité, qu’elle pourrait suggérer une base génétique ? C’est la question que posent depuis quelques années des politologues et des généticiens américains, qui ont assez logiquement déclenché une vive controverse. L’article fondateur remonte à 2005. Signé de trois politologues, principalement John Gribbin, de l’université du Nebraska, il se fondait sur des études comparant des cohortes de jumeaux « vrais » (monozygotes) et « faux » aux États-Unis et en Australie. Conclusion : « La génétique joue un rôle important dans le formatage des idéologies et des attitudes politiques. » En 2007, un politologue également spécialisé en génétique humaine, Peter Hatemi, faisait paraître dans une revue spécialisée un article intitulé « La génétique du vote », également fondé sur l’analyse de jumeaux. Le débat est monté sur le devant de la scène en 2008, le
New York Times relayant un article paru dans la célèbre revue
Science. Signé principalement du généticien et politologue californien...