Dans les camps de Poutine

En mars 2004, Zara Mourtazalieva, une jeune Tchétchène étudiant à Moscou est arrêtée. On l’accuse de préparer un attentat. L’affaire est montée de toutes pièces par les services russes qui ont besoin de « résultats ». Elle sera condamnée à huit ans et demi de colonie pénitentiaire. Elle nous livre un témoignage exceptionnel sur les camps, en Russie, aujourd’hui.

Après mes huit ans et demi d’emprisonnement, des dizaines de journalistes me poseront la même question : « Qu’est-ce qui a été le plus dur pour vous pendant votre séjour carcéral ? » Je ne l’ai jamais avoué, mais le plus horrible fut ce premier pas à l’intérieur de la cellule. La porte qui se referme. La clé qui tourne deux fois dans la serrure. Et le sentiment de désolation qui vous envahit. Je regarde autour de moi. C’est un local exigu aux murs couverts de graffitis, avec une couche en bois sans literie, pour que le détenu ne puisse pas dormir dans la journée. Dans un coin, un seau pour faire ses besoins. Les graffitis sont éloquents : « Ripoux chiens », « Nique les poulets », des dates, des adresses, des noms, et même un message d’amour. Chaque personne qui passe ne serait-ce qu’une heure ici se soumet à ce rituel, comme s’il était important que le suivant, quel qu’il soit, sache qu’il n’est ni le premier ni le dernier. Vous n’êtes encore ni inculpé, ni jugé, ni condamné, mais on vous parle déjà comme à un criminel...
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Huit ans et demi de Dans les camps de Poutine, Books éditions / Les moutons noirs

ARTICLE ISSU DU N°53

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