Publié dans le magazine Books n° 63, mars 2015. Par Kathleen Geier.
Depuis l’éclatement de la crise de 2008, le retour à la « normale » se fait attendre. Et si ce que nous considérons comme normal, une croissance forte et le plein-emploi, n’était qu’une exception historique ?
« Normal » est une notion relative et qui le restera, mais les conditions fondamentales de la prospérité de masse aux États-Unis, considérées jusqu’ici comme garanties, semblent de plus en plus compromises. Les dernières prévisions annonçaient une croissance anémique de 1,7 % pour 2014 (1). Le taux de chômage officiel, de 6,1 % au moment où j’écris cet article, est presque revenu à son niveau normal – ou « normal ». (2) Mais les économistes estiment que, si l’on incluait dans les statistiques les personnes ayant renoncé à retrouver un emploi, le chiffre réel serait de 9,6 %. En outre, l’immense majorité des postes créés l’ont été au bas de l’échelle. Au cours de la dernière décennie, le salaire médian a stagné et le capital médian des ménages a chuté de 36 %. Rien d’étonnant à ce que 57 % des Américains, selon un récent sondage, soient persuadés que nous sommes toujours en récession. Celle-ci a pourtant officiellement pris fin en juin 2009.
Malgré la vague montante d’insécurité économique, les hommes politiques de tout bord persistent dans leurs jacassements optimistes sur l’« extension des opportunités » – expression qui a donné son titre au nouveau...