La musique comme maléfice
Publié dans le magazine Books n° 118, mars-avril. Par Ekaterina Dvinina.
La Haine de la musique, de Pascal Quignard, romancier, essayiste, mais aussi musicien, « peut surprendre », prévient le portail culturel russe Colta, tant on n’attend pas d’un auteur dont « les livres sont littéralement imprégnés de musique » un réquisitoire contre celle-ci. Quignard s’y interroge sur « les liens qu’entretient la musique avec la souffrance sonore ». Bien sûr, « sa haine est proche de l’amour », convient le site. Paru en France en 1996 chez Calmann-Lévy, l’essai, constitué de dix traités, vient d’être traduit dans la langue de Pouchkine. C’est d’ailleurs le douzième ouvrage de Quignard qui paraît en Russie, où l’écrivain a son public. Le livre mêle « l’essai infiniment profond et sensible et la confession à la limite de ce qui est admis, dans une prose ciselée », salue Colta. En convoquant de nombreux exemples de l’Antiquité, Quignard y développe l’idée d’une violence inhérente au geste musical dès ses origines. Telle la flûte confectionnée par Athéna pour imiter...