Publié dans le magazine Books n° 88, mars/avril 2018.
Les Misérables est de loin le plus grand bienfait que la France ait procuré à Hollywood, à Broadway et aux lecteurs du monde entier, assure un universitaire anglo-américain.
Tout, dans
Les Misérables, est superlatif – la quantité de personnages, les liens incongrus et multiformes qui les unissent, le foisonnement des intrigues, grandes et petites. Pour rendre compte de ce monument des lettres, roman le plus lu de l’histoire de l’humanité, on peut laisser parler les chiffres : 1 500 pages ; 630 000 mots, puisés dans un vocabulaire de 20 000 termes, aussi riche que celui de Shakespeare et 10 fois plus que celui de Racine. Victor Hugo a travaillé 17 ans sur un ouvrage dont la seule révision a occupé 4 personnes presque jour et nuit pendant 8 mois, avec d’incessantes rotations d’épreuves entre Guernesey et Bruxelles via Southampton et Ostende (10 jours à chaque fois). La publication du roman, quant à elle, est une série de premières : premier recours en France aux droits de traduction (le copyright international, tout juste inventé) ; premier contrat d’édition financé par une banque d’affaires et, sans doute par voie de conséquence, premiers plus gros droits d’auteur de l’histoire littéraire (l’équivalent de 3 millions d’euros pour une exclusivité de seulement 8 ans) ; premier lancement international en simultané dans plusieurs capitales ; première plus grosse commande d’exemplaires de l’...