Publié dans le magazine Books n° 13, mai-juin 2010.
Vision orwellienne de l’empire du Milieu, un roman d’anticipation fait sensation. Publié il y a quelques mois à Hong Kong et à Taiwan, il est vendu clandestinement sur le continent où il est interdit. Les intellectuels chinois y sont sévèrement critiqués. L’auteur dénonce leur démission collective : n’ont-ils pas troqué leur désir de liberté contre le bien-être matériel ?
«Nous sommes en 2013. La Chine est plus riche et plus forte que jamais, tandis que le reste du monde est toujours sous le coup de la violente crise économique qui l’a frappé un an plus tôt. Starbucks a été racheté par Wang & Wang Group. Le pouvoir autoritaire du Parti communiste, souvent impitoyable, ne rencontre aucune opposition sérieuse, et le régime se félicite de n’avoir pas suivi la voie occidentale. Le capitalisme aux caractéristiques chinoises a le vent en poupe et les étrangers qui fustigeaient le pays pour son comportement en matière de droits de l’homme ont désormais peur de l’offenser. Quant aux Chinois, profitant de cette prospérité sans précédent, ils ne pourraient être plus heureux. » Tel est, résumé par Paul Mooney dans le quotidien hongkongais
South China Morning Post, l’avenir de la Chine selon
Shengshi Zhongguo 2013, de l’écrivain de Hong Kong Chen Guanzhong (Chan Koon-chung en transcription cantonaise).
« L’expression chinoise
shengshi, qui donne son titre au roman, poursuit Paul Mooney, désigne une période faste et prospère, l’âge d’or connu à deux...