Publié dans le magazine Books n° 67, juillet - août 2015.
L’historien Jean Bottéro a exhumé et traduit trois tablettes cunéiformes qui dormaient dans les armoires de l’université de Yale. Plusieurs recettes mésopotamiennes y sont consignées avec un étonnant luxe de détails. Nous reproduisons ci-dessous un extrait de la « tablette B », dont le texte est le plus long. Un document fascinant qui ressuscite une gastronomie vieille de trente-cinq siècles.
Pour préparer un(e) […] de […] ou de « Petits-oiseaux », tu en détaches la tête, le cou et les pattes ; tu leur ouvres le ventre, et tu en retires gésier et fressure*. Après avoir fendu le gésier, tu le pèles. Tu laves alors les oiseaux et tu (en) haches la fressure.
Puis, ayant récuré un chaudron, tu y mets oiseaux, gésiers et intestins. Lorsque tu as ôté du feu le chaudron, tu nettoies le contenu à grande eau froide […]. Dans une marmite, tu verses de l’eau et du lait, et tu la mets au feu.
Tu essuies alors proprement oiseaux, gésiers et intestins, tu les saupoudres de sel, et tu réunis le tout dans la marmite. Tu y ajoutes un morceau de graisse, dont tu as retiré les filandres. Et tu y mets également des « bois (aromatiques) », à suffisance, non moins que de la rue effeuillée. À ébullition, tu y ajoutes un peu d’oignon, et du samidu, du poireau et de l’ail que tu écrases avec l’oignon. Et tu y mets, de même, une petite quantité d’eau claire.
Tu nettoies alors de la semoule-sasku ; tu la dé...